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dimanche 17 octobre 2010

Le poulet explose

Le marché du poulet explose !


Arrivée par erreur (car mon affaire devait passer un autre jeudi) un jour de référé au tribunal d'une petite ville de province, je suis restée quelques instants par curiosité, pour me mettre dans l'ambiance en quelque sorte. C'était comme un ballet, les avocats devant, parlant entre eux, les clients crispés assis derrière, ne pouvant pas très bien voir -et surtout pas entendre- ce qui se passait à la tribune où les uns et les autres allaient et venaient, chuchotaient, repartaient -toute une existence parfois résumée en quelques mots brefs, laconiques-... la tristesse aussi, un homme âgé autrefois aisé qui, après quelques déboires et une pseudo escroquerie, se trouvait contraint de vivre dans un sombre studio d'un quartier miteux etc... Et enfin, l'affaire de la journée. Pas plus importante que les autres mais il y avait plusieurs avocats dont un venu exprès de loin et les sommes en jeu étaient énormes.



Une histoire de poulets (de vrais poulets évidemment, je ne me permets pas de termes injurieux, diffamatoires etc...) Voilà donc un gars qui élevait des poulets, gros business si j'en juge par les sommes qu'il réclamait (presqu'un 1m d'euros) ... et qui, comme la DDASS l'exige, avait fait désinfecter son hangar après l'envoi d'une "série" à l'abattoir, et avant qu'une autre -des poussins donc- n'occupe à son tour les lieux de leurs défunts congénères. C'est une entreprise qui se charge de la chose avec un appareil qui ressemble à un bazooka, mettons A4-45, pulvérisant un produit, mettons XXXL. Masque, vêtement de protection et on y va Mimile, go. Un seul homme apparemment pour la prestation. Puis on laisse reposer la sauce (?) combien de temps, ce n'est pas dit... et on y retourne pour ouvrir et aérer, les nouveaux pensionnaires ne vont pas tarder, times is money.


Et là, c'est la cata : tout brûle! L'éleveur aussitôt envoie ses avocats sur les startings blocks contre la société de désinfection, laquelle envoie ses avocats sur les startings blocks contre le fabriquant du produit ou du bazooka (j'ai rêvé un instant), lequel... etc... La question était : pourquoi ? Tout avait été fait dans les normes de la DDASS, aucun problème. L'éleveur réclamait d'emblée une coquette somme pour le manque à gagner et la réfaction en urgence de son camp pour poulets où il n'allait pouvoir loger les nouveaux attendus. Re time is money. Sur le produit utilisé, tout ce qu'on a entendu est que le XXXL utilisé ne devait peut-être pas être balancé avec le bazooka A4-45, il eût fallu du ZZZL ou un bazooka A5-48 mais rien sur sa nature et sa dangerosité, évidente pour les locaux, mais pour les poussins ?


Il ne s'agissait que d'établir les responsabilités de l'incendie : erreur humaine? De l'entreprise ? Ou des deux? Il fallait une expertise, costaud, étant donné les sommes en jeu, tous étaient d'accord, le seul point de friction étant que la société "crématiste" refusait de raquer d'emblée les 500 000 euros (à un poil près, je n'ai pas été très attentive) exigés par Monsieur Poulet -qui estimait son préjudice à 900 000 et des poussières-.. sur la base que les assurances l'avaient déjà dédommagé et qu'il n'était pas à la rue, même si ses poussins y étaient. Notons qu'il ne s'était pas déplacé, pour moins de 600 000 euros, ça ne vaut sans doute pas la peine.


Et je suis partie sur ma faim quant à la dangerosité du produit, (assez évidente pour les bâtiments)... pour les poussins qui allaient en avaler à plein bec... et qu'on allait retrouver dans notre assiette 2-3 mois après.


Alors en arrivant, pour en avoir le coeur "net", un coup de surf... et j'apprends que ces produits de désinfections -également utilisés pour les piscines!- sont extrêmement explosifs (pas mal d'accidents) car peu stables, surtout mélangés à d'autres comme l'eau de javel, et qu'il ne convient surtout pas de les stocker dans un espace fermé (ce qui avait été fait, obligatoirement ! et que tout le monde fait, chez moi, il y en avait un plein cagibi pour la piscine datant du temps de mon père... dans lequel se trouvait aussi de l'eau de javel, de l' "anti algue"... et plein d'autres zyclon B non étiquetés, avec absolument rien d'indiqué en fait de composition et de mode d'emploi.) Alors voilà. Les poulets au zyclon B, ce pourrait être le titre de ce post, ou, variante, "le marché du poulet explose"..


Poncif : dans une société où l'on glose sur un manque à gagner mais où on ne cherche pas, au delà de ce détail, ce qui a réellement été fait ingérer à des animaux donc ensuite à des hommes, devenir végétarien, ce n'est pas mal. A suivre car je vais me renseigner sur ce produits "explosifs" qui ne me disent rien qui vaille et sur leurs effets éventuels sur les poussins, lorsqu'ils n'explosent pas.

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